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Le poids d’Air France sur la presse française

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La compagnie Air France est le plus gros client des éditeurs de journaux, à qui elle distribue chaque année des millions d'euros. Une manne qui crée parfois des turbulences dans les rédactions. Aujourd'hui, vous prenez l'avion. Pour la première ou la millième fois. Dans l'aérogare, les salons ou en cabine, partout, des journaux. Le Monde (propriétaire de Télérama), Libération, Le Figaro, Les Echos, L'Equipe…

La compagnie Air France est le plus gros client des éditeurs de journaux, à qui elle distribue chaque année des millions d'euros. Une manne qui crée parfois des turbulences dans les rédactions. Aujourd'hui, vous prenez l'avion. Pour la première ou la millième fois. Dans l'aérogare, les salons ou en cabine, partout, des journaux. Le Monde (propriétaire de Télérama), Libération, Le Figaro, Les Echos, L'Equipe…

Tous les quotidiens sont là ou presque, ainsi que quelques magazines. Et tout ça à l'œil. On peut trouver ça génial – ça nous occupera pendant les huit heures de vol jusqu'à New York, banal, on prend machinalement quelques exemplaires, pas sûr qu'on les ouvre tous –, ou… totalement inutile – les journaux, vous n'en lisez plus depuis longtemps, pas plus là qu'ailleurs. En tout cas, ça fait partie du voyage, comme nous le rappelle la dernière pub d'Air France (1).

Peu de gens le savent, mais Air France est la première acheteuse de presse en France. Chaque année, elle diffuse environ vingt-cinq millions de quotidiens et de magazines, une « attention  » qui lui coûte, selon nos estimations, une vingtaine de millions d'euros. Mais ce « service » ne sert pas qu'à agrémenter la vie de milliers de voyageurs. Il profite aussi aux journaux eux-mêmes. Même vendus à prix d'ami (la ristourne est de 50% du prix public, les pros appellent ça la « vente par tiers »), tous ces exemplaires se traduisent en espèces sonnantes et trébuchantes : les 25 000 exemplaires du Monde achetés chaque jour par Air France, c'est 7,5 millions d'euros par an qui tombent dans les caisses du quotidien du soir ; les 30 000 du Figaro, c'est 6,9 millions d'euros. Pour Les Echos et L'Equipe, c'est 2 millions. Une belle poire pour la soif pour une presse quotidienne à la santé financière toujours aussi fragile.

Autre (gros) avantage de ces achats en masse : ils dopent les chiffres de ventes. Selon l'OJD, qui certifie la diffusion des journaux, Air France pèse « de 15% à 20% » des ventes de la presse quotidienne nationale. Une paille. Ça permet aussi aux patrons de presse de plastronner devant les publicitaires. Plus les ventes d'un journal sont fortes, plus il pourra faire payer cher ses pages de pub. Là aussi, ça se chiffre en millions d'euros. Sans compter que ceux qui prennent l'avion sont particulièrement prisés des annonceurs pour leur fort pouvoir d'achat…

Dans ce contexte, les journalistes peuvent-ils traiter en toute sérénité de l'actualité d'Air France, premier client de leur journal, plutôt chargée ces derniers mois avec le crash du vol Rio-Paris en juin 2009, des résultats financiers en berne et l'éviction, lundi 17 octobre 2011, du directeur général, Pierre-Henri Gourgeon ? La compagnie use-t-elle de son poids pour faire pression sur les journaux ? Au Monde, les journalistes que nous avons interrogés démentent toute tentative d'influence de la part d'Air France, même diffuse. « Ils ne nous ont jamais emmerdés, confie l'un d'eux. En même temps, c'est peut-être aussi que nous n'avons jamais été très emmerdants pour eux. » Idem aux Echos, où on nous jure « qu'on peut y aller autant qu'on veut sur Air France ». D'autres sont moins définitifs. « Quand j'ai commencé à couvrir le transport aérien, ma direction m'a dit que pour tout ce qui concernait Air France, il ne fallait pas que je me plante. Sinon, elle me lâcherait », confie-t-on dans un autre quotidien.

Les relations peuvent se révéler parfois très conflictuelles. Comme avec Le Figaro, qui, dans plusieurs articles, a mis en avant l'erreur de pilotage de l'AF 447 (un élément, parmi d'autres, qui permet d'expliquer le crash). Suite à un papier qu'ils ont peu goûté, les pilotes d'Air France ont ainsi, le 4 août dernier, refusé de décoller avec Le Figaro à bord. Plus grave, le 29 mai, au lendemain de la publication du pré-rapport du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) sur l'AF 447, tous les quotidiens, à l'exception de La Croix, auraient été retirés en hâte des avions et salons Air France : toute la presse faisait en effet sa une sur l'affaire. Air France dément, tout comme elle nie avoir menacé de réduire ses achats du Figaro pour être mieux traité dans le quotidien de Serge Dassault. « Il faut arrêter le thème du complot, s'agace le porte-parole d'Air France, Jean-Charles Tréhan. Si on veut mettre en cause tous les journaux qui actuellement disent du mal d'Air France, on n'est pas couchés ! »

Pour avoir osé mettre en doute la confiance que portait Pierre-Henri Gourgeon à son directeur de la communication, une journaliste de Capital a pourtant été attaquée en diffamation. Dans une lettre adressée à la direction de son journal, l'ex-patron d'Air France n'avait pas non plus hésité à demander sa tête. En vain. « Pour essayer d'obtenir du bon rédactionnel, Air France profite à plein des leviers dont elle dispose, confie un ancien cadre de la compagnie. Comme d'autres entreprises, Air France joue avec ses armes. » Et parfois, elle sort l'artillerie lourde. Selon nos informations, la direction d'Air France n'aurait pas hésité, fin 2009 et début 2010, à demander et obtenir la suppression de certains articles du Figaro qu'elle devinait peu flatteurs. « Je démens catégoriquement toute pression d'Air France sur les achats du Figaro ou sur son traitement dans nos colonnes, déclare Marc Feuillée, directeur général du quotidien. Il y a beaucoup de fantasmes autour du poids d'Air France dans la presse. » Un poids dont on ne sait pas encore ce que fera Jean-Cyril Spinetta, qui vient de reprendre le manche d'Air France-KLM.
 

source : http://www.telerama.fr/medias/le-poids-d-air-france-sur-la-presse-francaise,74222.php

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