Il fut un temps où prononcer le nom d’Air France dans les couloirs d’Air Austral était tabou. L’opposition d’Air France à voir la compagnie réunionnaise se positionner sur le marché du long-courrier et pour finir sa sortie du capital d’Air Austral avaient tendu les relations entre les deux transporteurs. Air France était même allée conclure un accord de partage de code avec Air Mauritius pour reprendre pied sur le régional notamment entre la Réunion et Maurice au détriment d’Air Austral.

L’heure est désormais à l’apaisement. L’arrivée de Marie-Joseph Malé à la tête d’Air Austral n’y est sans doute pas étrangère. Qu’il soit un ancien d’Air France a sans doute contribué au rétablissement de relations qui relèvent du simple bon sens économique. Il ne s’agit en aucun cas d’un rapprochement entre les deux compagnies mais de bonne gestion.

Le dialogue est rétabli

Signe de ces liens retissés, l’accord SPA (en anglais : special prorate agreement) signé entre les deux compagnies. Rien de véritablement révolutionnaire, la conclusion d’accords de ce type entre deux compagnies sont monnaie courante, mais la signature d’un tel document entre Air France et Air Austral démontre que le dialogue est rétabli.

L’accord SPA permet aux agences d'acheter un seul billet, par exemple dans le cas Air France – Austral un Mayotte – Réunion – Paris sur Air Austral suivi d’un Paris – Bordeaux ou Londres ou Vienne sur Air France, à des tarifs plus attractifs par rapport à l'achat de deux billets distincts. Pour le passager outre l’avantage tarifaire, il n’a plus qu’à s’enregistrer, lui et son bagage, une seule fois entre son point de départ et sa destination finale même en changeant de compagnie. Le fait qu’Air Austral et Air France desservent toutes les deux Roissy permet cette interconnexion.

Le système fonctionne également dans l’autre sens. Un passager européen transitant par Paris peut se rendre jusqu’à la Réunion sur Air France et continuer sur Air Austral vers Mayotte en achetant un seul billet et en s’enregistrant une seule fois. Quarante-neuf destinations dans 21 pays européens sont éligibles à l’accord SPA depuis le 15 mai dernier. À cela s’ajoutent bien sûr Mayotte et les destinations de métropole desservies par Air France mais aussi les destinations long-courriers d’Air France au départ de Paris.

L’accord SPA n’est pas un accord de partage de code qui dans la région lie Air France à Air Mauritius, Air Madagascar et même Kenya Airways membre de l’alliance Skyteam qui dessert déjà Mayotte permettant ainsi de rejoindre la métropole via Nairobi. Le partage de code, consiste dans l'exploitation d'une destination par deux ou plusieurs transporteurs. L'une des compagnies aériennes est chargée d'effectuer directement le vol et l'autre compagnie, son partenaire sur cette destination, dispose du droit de vendre des places sur ce vol sous son propre code. Air France et Air Austral n’en sont pas encore là demeurant concurrentes sur l’axe Réunion – métropole.