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Air France : la sûreté de l’Airbus A380 en question
Air France : la sûreté de l’Airbus A380 en question
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La compagnie n'aurait pas acheté un système favorisant une intervention du GIGN en cas d'attaque terroriste.
La compagnie n'aurait pas acheté un système favorisant une intervention du GIGN en cas d'attaque terroriste.
L'affaire fait grincer des dents au Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). Selon nos informations, Air France, qui possède trois modèles du nouvel Airbus A380 et en a neuf en commande, n'a pas équipé ses appareils d'une option susceptible de favoriser une intervention des forces de gendarmerie en cas d'attaque terroriste et d'intervention sur le tarmac d'un aéroport.
Ce système, baptisé «Cabin Video Monitoring System» (CVMS), figure dans les options du catalogue d'Airbus. Il s'agit d'un réseau d'une quinzaine de caméras placées en cabine ainsi que dans le cockpit. Les images ne sont pas accessibles au sol lorsque l'avion est en vol. En revanche, en cas de prise d'otages et d'intervention du GIGN, les troupes peuvent se brancher de l'extérieur sur les caméras de l'appareil, observer l'intérieur de la cabine et estimer les forces en présence ainsi que leur position géographique à bord. Le nouvel outil favorise la préparation de l'attaque. «Nous avons développé cette option à la demande du GIGN qui souhaitait avoir des informations sur ce qui se passe à bord», explique un cadre d'Airbus interrogé par Le Figaro. Une certaine discrétion est de mise chez le constructeur à propos des clients qui ont acheté ce système de sûreté. Quatre autres compagnies exploitent l'A380 dans le monde: Singapore Airlines, Emirates, Qantas et Lufthansa. Plusieurs d'entre elles auraient fait équiper leurs appareils du système CVMS.
«Respect de la vie privée»
Au GIGN comme chez Airbus, on indique que la compagnie nationale n'a pas pu acheter l'option au motif d'une levée de boucliers des syndicats de personnels navigants. Ils ne souhaitaient pas que le personnel puisse être filmé à son insu. Cette information n'est pas confirmée par Air France, ni par ses syndicats. «Ce dispositif de sûreté est lié à une option de gestion du personnel dans la cabine du vaste appareil, confie un cadre d'Airbus. Grâce à ces caméras, il est possible de savoir où se situe le personnel dans l'avion. Le système de sûreté est un dérivé de cette première option.» Impossible donc pour le constructeur d'installer ces caméras si le client n'a pas préalablement commandé l'option de gestion du personnel.
L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a rendu obligatoire un système baptisé «CDSS» (Cockpit Door Surveillance System) qui équipe aujourd'hui les appareils d'Air France ainsi que ceux de ses concurrents. Il consiste en un système de surveillance vidéo de l'accès au cockpit. Mais l'autorité n'a pas rendu obligatoire le CVMS. Un membre du GIGN fait remarquer que «cette option facilite une opération et qu'il est paradoxal que ce soit des compagnies étrangères qui achètent le CVMS développé dans le cadre d'une coopération Airbus-GIGN». Interrogée par Le Figaro, Air France explique qu'elle n'a pas retenu ce système «par respect de la vie privée et de la confidentialité des passagers, ainsi que par respect pour le travail des équipages». La compagnie rappelle également qu'elle «dispose d'autres moyens garantissant à ses passagers et ses équipages la plus haute sûreté des vols». «Air France n'a pas acheté ce matériel mais ne présente pas de déficit de sûreté, confirme un porte-parole du GIGN. La compagnie remplit toutes les normes de l'OACI et est bien armée face à la menace terroriste.»
Si le débat semble pour l'instant tranché chez Air France à propos du CVMS, la question pourrait néanmoins se reposer car l'équipement sera dorénavant proposé par Airbus sur toutes ses nouvelles générations d'avions. Boeing ne propose pas à ce jour de tel dispositif de sûreté. Pour les pilotes, l'affaire est entendue. «Nous ne voulons pas de ces caméras qui pourraient donner lieu à des enregistrements et être utilisées en cas d'accident, explique un membre de la commission technique du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). La justice fait souvent un usage illégitime des images obtenues dans le cadre de l'enquête de sécurité aérienne.»
Source : LeFigaro.fr – Fabrice Amedeo – 15 mars 2011
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