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Air Méditerranée : amendes et immigration clandestine

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En dépit des précautions prises, la compagnie charter Air Méditerranée, basée à Tarbes, n'avait pu empêcher des clandestins africains d'embarquer sur ses vols . Les sanctions financières pénalisant la compagnie, Air Méditerranée est en train de se désengager des aéroports africains pas assez sécurisés…

En dépit des précautions prises, la compagnie charter Air Méditerranée, basée à Tarbes, n'avait pu empêcher des clandestins africains d'embarquer sur ses vols . Les sanctions financières pénalisant la compagnie, Air Méditerranée est en train de se désengager des aéroports africains pas assez sécurisés…

L'addition n'est pas encore définitive. Mais les dirigeants d'Air Méditerranée la chiffrent aujourd'hui à plusieurs centaines de milliers d'euros. À plus de cinquante reprises, le ministère de l'Intérieur a déjà infligé à la première compagnie charter française une amende de 5 000 euros pour avoir transporté un passager dont les papiers n'étaient pas en règle. La société, domiciliée dans les locaux de l'aéroport Tarbes-Lourdes, saisit fréquemment les tribunaux dans l'espoir de faire réviser à la baisse ces sanctions financières loin d'être indolores. Sans toujours y parvenir.

Invisibles à l'œil nu

Le 7 septembre dernier, la cour administrative d'appel de Bordeaux a maintenu dans leur intégralité les pénalités notifiées en 2007 après l'arrestation de trois ressortissants africains confondus par la police à leur descente d'avion à Paris. Elle a jugé que la compagnie n'avait pas apporté « une collaboration efficace » de nature à « contribuer à l'interception » de ces voyageurs en situation irrégulière. Plusieurs des falsifications étaient pourtant invisibles à l'œil nu. Sans agrandissement, il était impossible de détecter ni les différences de caractères entre diverses lettres ni la détérioration du film et les traces de doigts laissées lors du remplacement d'une photo.En première instance, le tribunal administratif de Pau avait réduit l'amende à 3 500 euros après avoir estimé qu'Air Méditerranée n'était pas totalement responsable de ce qui était arrivé.

Créée en 1997, Air Méditerranée assure de façon plus ou moins régulière des dizaines de liaisons, dont un certain nombre avec des pays africains : Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Sénégal… Les fraudes ont essentiellement eu lieu au départ de Bamako et de Dakar. « Les contrôles de police ne sont pas forcément fiables et, à l'intérieur des aéroports, des complicités facilitent les substitutions de personnes, reconnaît Alexandre Migliaccio, le responsable sûreté d'Air Méditerranée. Celui ou celle qui se présente sous sa véritable identité lors de l'enregistrement au guichet de la compagnie n'est pas forcément le même que celui ou celle qui monte dans l'appareil. »

« L'Afrique, c'est difficile »

Tenus de s'assurer de l'état civil des voyageurs, les transporteurs aériens sont soumis à une obligation de résultat. « L'Afrique, c'est difficile », soupire Alexandre Migliaccio. À Bamako, la première société sollicitée par Air Méditerranée pour effectuer la vérification des pièces d'identité ne donnait pas satisfaction. Lorsque la compagnie a voulu changer de prestataire, les autorités maliennes ont essayé de l'en dissuader. Désormais beaucoup moins présente à Bamako, Air Méditerranée préfère embarquer lors de ses liaisons estivales deux agents de contrôle français. Mais leur intervention rogne des marges bénéficiaires relativement serrées. À Dakar, au Sénégal, la compagnie, qui rivalisait avec Air France, a eu du mal à gérer la concentration des vols en fin de semaine, avec un afflux de 800 passagers sur un créneau de quelques heures.

Le durcissement de la législation dans le cadre de la répression de l'immigration clandestine n'est pas la seule raison du désengagement partiel d'Air Méditerranée de l'espace aérien du continent noir. 5 000 euros d'amende pour un billet vendu 300 euros ! Le rapport a de quoi faire réfléchir un gestionnaire. D'autant que les frais d'hébergement des passagers dans l'attente de leur retour et le coût de leur reconduite sont à la charge du transporteur. De quoi inciter les huit Airbus et le Boeing d'Air Méditerranée, qui transportent plus de 1 million de passagers par an, à fréquenter des aérogares plus sécurisées.

Source : Sud-Ouest.fr – Dominique Richard – 14 septembre 2010

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