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Presse : Les mauvaises pratiques de Ryanair

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Des « salaires » de moins de 500 euros par mois, des hôtesses et des stewards contraints de se loger à cinq dans une chambre d’hôtel, des personnels obligés de « choisir de manger ou de payer leur loyer » … C’est le sort peu enviable d’une centaine de personnels navigants commerciaux (PNC) postés sur les deux nouvelles bases en France – à Bordeaux et à Marseille – de Ryanair, la compagnie irlandaise à bas coût. Habituée à flirter avec les limites des législations sociales en Europe, déjà mise en cause en 2014 pour travail dissimulé, elle est une nouvelle fois vilipendée pour ses mauvaises pratiques.

Les hôtesses et stewards des bases de Bordeaux et de Marseille vivent dans la précarité. La compagnie à bas coûts se pose pourtant en modèle.

Des salariés de Ryanair débraient à l’aéroport de Charleroi Bruxelles-Sud, en septembre 2018. Sur la banderole, on peut lire : « Ryanair en grève. Ryanair doit changer. »
Yves Herman / REUTERS

Le calvaire de la centaine de PNC de la compagnie dirigée par Michael O’Leary a commencé début avril, quand elle a fait son retour en France, avec l’ouverture de ses deux premières bases, à Bordeaux et à Marseille. Pour l’occasion, la compagnie a proposé à des PNC postés en Grande-Bretagne de rejoindre ses deux nouvelles escales françaises. Une proposition alléchante au premier abord, mais qui s’est rapidement transformée en cauchemar.

C’est le Syndicat national du personnel navigant commercial-Force ouvrière (SNPNC-FO) qui a levé le lièvre. « Nous avons voulu voir si, cette fois, Ryanair respectait la législation comme elle s’y était engagée », relate Christelle Auster, secrétaire générale du SNPNC-FO et hôtesse de l’air chez Air France. Cette démarche ne doit rien au hasard. L’organisation a participé à la création, en 2014, du Syndicat européen des personnels navigants commerciaux, l’European Cabin Crew Association (EurECCA), et avait assisté, la même année, au procès qui avait abouti à la condamnation de Ryanair.

A Bordeaux et à Marseille, les hôtesses et stewards de Ryanair « pensaient pouvoir bénéficier de la protection sociale française », bien plus favorable qu’en Irlande ou même en Grande-Bretagne, souligne Mme Auster. Il n’en a rien été. Depuis bientôt deux mois, les équipages de la compagnie low cost vivent dans une extrême précarité. « Après un mois de travail complet, en avril 2019, les PNC sont rémunérés très en deçà du salaire minimum et de la rémunération minimale applicable aux salariés français », dénonce la syndicaliste.

« Choquée par son salaire »

« En avril, je n’ai gagné qu’un peu plus de 400 euros », se désole Claire (le prénom a été changé). Une énorme déconvenue. Établie à Londres pendant six mois, elle percevait « en moyenne entre 1 000 et 1 200 livres par mois [de 1 140 euros à 1 370 euros] ». Mais « je ne crois pas avoir atteint une seule fois cette somme », relève la jeune femme. Elle n’est pas la seule. La centaine de PNC des deux bases n’auraient « gagné que de 540 euros à 620 euros et certains d’entre eux n’auraient même pas été payés du tout », fustige la responsable syndicale.

Des paies tellement basses que le SNPNC-FO se demande si « Ryanair n’a pas prélevé des charges patronales sur les salaires » de ses employés dans l’Hexagone. En outre, observe Christelle Auster, « les heures supplémentaires ne leur ont pas été payées non plus ». En pratique, les salaires des PNC proviennent de deux sources : une rémunération de base complétée par un revenu lié au nombre d’heures de vol. « Choquée par son salaire », comme ses camarades d’infortune, Claire en vient à croire que Ryanair « (…) a ajouté des taxes irlandaises et françaises, ce qui fait que nous perdons la moitié de notre basique ».

Dénoncée pour ses conditions de travail, la low cost se pose pourtant en compagnie modèle. « Les équipages de cabine de chacune de nos 83 bases commencent et terminent leur journée dans leur ville d’origine, bénéficient de tableaux de service favorables [cinq jours de travail suivis de trois jours de congés], de formidables opportunités de promotion, alors que la compagnie aérienne poursuit sa croissance rapide, d’une sécurité d’emploi inégalée. Ils peuvent gagner jusqu’à 40 000 euros par an », se défend Ryanair.

« En France, nous employons un large éventail de nationalités, les Français représentant la plus grande proportion de notre personnel de cabine », ajoute-t-elle. Très loin de la réalité vécue par les PNC de Bordeaux et de Marseille et constatée par le SNPNC-FO. Sur ces deux bases, selon Claire, la majorité des PNC sont « italiens, roumains, portugais, espagnols, polonais, avec quelques Français ».

Pas question de faire grève

Pour faire remonter ses recettes, la low cost pousse ses employés à multiplier les ventes à bord pendant les vols

Pour survivre au quotidien, chacun se débrouille comme il peut. Claire, elle, « a dû demander de l’argent à sa famille. Mais ce n’est pas normal ». Les PNC ont « envoyé des mails à la direction des ressources humaines ». Pour seule réponse, la compagnie leur a octroyé une avance de 500 euros. « Mais ils vont nous la reprendre sur nos salaires de juin, juillet et août », s’inquiète la jeune hôtesse.

Pour autant, Ryanair ne bat pas de l’aile, tant s’en faut. Ainsi, l’une des compagnies les plus rentables d’Europe a annoncé, lundi 20 mai, un bénéfice annuel de 1,02 milliard d’euros, contre 1,45 milliard d’euros douze mois plus tôt. Pour faire remonter ses recettes, la low cost pousse ses employés à multiplier les ventes à bord pendant les vols. « Tous les jours, nous devons faire des ventes maximales. On ne s’arrête jamais. Ils nous ajoutent sans cesse des choses », s’insurge Claire.

Outre les traditionnels montres, parfums et cigarettes, les équipages doivent aussi placer des tickets à gratter. Et gare aux mauvais vendeurs ! « Si nous ne vendons pas assez, nous sommes convoqués », se plaint l’hôtesse de l’air. Mais pas question de faire grève. Embauchés cette fois directement par la compagnie, et non plus par une agence de placement, tous les PNC de Bordeaux et de Marseille « sont en période d’essai de deux mois. À tout moment, nous pouvons être virés », redoute Claire.

Toutefois, Ryanair pourrait rapidement être contrainte de revoir ses pratiques. « L’inspection du travail a été saisie. Le SNPNC demande également à Ryanair de se mettre en conformité avec la législation française du travail », conclut Christelle Auster.

Guy Dutheil

 

Source : le Monde

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