Me Beaudoin de Moucheron, avocat d’Air Austral, a révélé mardi devant la cour d’appel que le commissariat de Malartic enquêtait sur une affaire de harcèlement moral au sein de la compagnie. Gérard Ethève, président du directoire et directeur général d’Air Austral, confirme, indiquant que le responsable des ressources humaines a été entendu par les enquêteurs.

Me Beaudoin de Moucheron, avocat d’Air Austral, a révélé mardi devant la cour d’appel que le commissariat de Malartic enquêtait sur une affaire de harcèlement moral au sein de la compagnie. Gérard Ethève, président du directoire et directeur général d’Air Austral, confirme, indiquant que le responsable des ressources humaines a été entendu par les enquêteurs.

Cela aurait dû être une audience classique de la chambre sociale de la cour d’appel avec un juge unique coincé entre une pile de dossiers en équilibre instable et sa greffière. Commencée à 14 h 30, cette audience marathon du mardi après-midi est réputée se prolonger jusqu’à la tombée de la nuit. Air Austral est une habituée des lieux. Personnels au sol, hôtesses et stewards et mêmes pilotes y font une halte quasi obligée après être passés par la case prud’hommes.Mardi après-midi était inscrite au rôle l’affaire d’une salariée, cadre de l’entreprise, dont les prud’hommes avaient jugé le licenciement injustifié, en première instance. C’est donc Air Austral qui avait interjeté appel. Inamovible avocat de la compagnie réunionnaise, Me Beaudoin de Moucheron, du barreau de Paris, créait la surprise en réclamant un sursis à statuer. “Dans cette affaire, argumentait le défenseur d’Air Austral, une plainte visant la compagnie a été déposée pour harcèlement moral”. Un peu plus tard, s’appuyant sur le rapport d’une psychothérapeute jointe au dossier, Me Beaudoin de Moucheron évoquait même du “harcèlement sexuel.”

GÉRARD ÉTHÈVE : “JE SUIS CLAIR COMME DE L’EAU DE ROCHE”

“Le directeur des ressources humaines d’Air Austral a été entendu par les policiers du commissariat Malartic à Saint-Denis en charge de l’enquête le 22 février, poursuivait Me Beaudoin de Moucheron. Un autre salarié a été auditionné le 28 février. Le dossier nous est présenté comme devant être prochainement évoqué devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis. L’appel de la décision des prud’hommes ne peut être examiné avant que cette juridiction n’ait tranché.” Gérard Ethève président du directoire et directeur général d’Air Austral confirme. “Une plainte pour harcèlement moral a été déposée par une ancienne salariée, cadre de l’entreprise, que nous avons licenciée. Il est exact que le directeur des ressources humaines de la compagnie a été entendu. Je n’ai pas encore été convoqué par les enquêteurs. Je suis clair comme de l’eau de roche. Je n’ai jamais harcelé personne de ma vie. Avec 1 000 salariés, il peut arriver que l’un d’entre eux finisse par porter plainte un jour pour harcèlement. C’est au tribunal qu’il appartiendra de trancher.” Même s’il n’a pas été suivi par le juge de la chambre sociale de la cour d’appel qui a retenu l’affaire, Me Beaudoin de Moucheron a fait une fixation sur cette affaire de harcèlement au point de reconnaître à demi-mot que le licenciement n’était peut-être pas justifié. Pour le défenseur d’Air Austral, rien ne serait arrivé si la plaignante avait su s’adapter à la nouvelle organisation de la compagnie. Me Hoarau, défenseur de la plaignante, dressait un tout autre tableau. Il évoquait un déménagement du bureau de sa cliente dans un préfabriqué destiné à l’origine à accueillir les litiges bagages, la confiscation du véhicule de fonction, des vexations permanentes et la mise à l’écart au sein même de l’entreprise, entraînant une dégradation de la santé physique et psychique de cette dernière. La cour d’appel a mis sa décision en délibéré. A en croire Me Beaudoin de Moucheron, le prochain acte se jouera donc devant le tribunal correctionnel. La question est maintenant de savoir qui dans l’équipe dirigeante d’Air Austral vien- dra à la barre répondre de harcèlement

Source : Clicanoo.re – Alain Dupuis – 17 mars 2011