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Moins de formel et plus de bordel, vous êtes sur EasyJet

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Au bout de la plateforme, des pilotes et hôtesses s’apprêtent à accueillir des passagers à bord d’un avion pour Barcelone. C’est à peu près leur seul point commun avec leurs homologues d’Air France. Pour le reste, l’ambiance qui règne dans les locaux de la compagnie britannique EasyJet est bien différente.

Au bout de la plateforme, des pilotes et hôtesses s’apprêtent à accueillir des passagers à bord d’un avion pour Barcelone. C’est à peu près leur seul point commun avec leurs homologues d’Air France. Pour le reste, l’ambiance qui règne dans les locaux de la compagnie britannique EasyJet est bien différente.

A l’entrée de la salle de briefing, un détail donne le ton : un portrait en carton de deux mètres de haut du prince William et de Kate Middleton en tenue de mariage.

Pièce exiguë et plafonds bas

Nous sommes à l’extrémité du terminal 2B, l’un des plus anciens de Roissy, au fond d’un couloir de service sinistre, dans une pièce orange exiguë et basse de plafond. Rien à voir avec le confort design de la spacieuse Cité Air France.

Mais la compagnie « low cost » s’en moque, shootée à l’adrénaline par son succès fulgurant. EasyJet s’est imposée en un temps record comme la deuxième compagnie aérienne en France, avec douze millions de passagers transportés, contre quatorze millions pour Air France.

Arrivée il y a seulement quatre ans à Charles-de-Gaulle avec trois avions, elle exploite aujourd’hui une flotte de onze Airbus A319 sur l’aéroport parisien, y emploie 400 personnes et prévoit très bientôt de mobiliser l’intégralité du terminal 2B pour son seul usage.

Des CDI pour les hôtesses

Si Sandra, Lou et Lucy ont revêtu l’uniforme orange et blanc, c’est parce que la compagnie britannique est la seule qui embauche en ce moment. Et elle propose un CDI au bout de six mois (deux fois trois mois). Salaire mensuel d’une débutante : 2 300 euros nets.

Sandra, par exemple, travaillait comme hôtesse sur feu la compagnie portugaise Air Louxor. Licenciée, elle ne pouvait espérer retrouver que des CDD dans d’autres compagnies portugaises, qui n’embauchent pas en CDI après 27 ans. Aujourd’hui, elle est chef de cabine chez EasyJet.

En attendant que le confort s’améliore, c’est debout et accoudée à une étroite table ronde sur pied qu’elle orchestre le briefing du vol Paris-Barcelone.

Autour d’elle, la Française Lucy, l’Anglaise Lou, la Suédoise Alexandra. Pour donner ses instructions, Sandra navigue entre anglais et français :

« Lou, tu veux être à l’avant ? Parfait. And you ? Poste 3 ? OK. Les filles, il faudra être “proactives” aujourd’hui : on a dix minutes pour embarquer nos 146 passagers. But I think we are not going to have any problems with the luggage today [“mais je pense qu’on n’aura pas de problèmes avec les bagages” ].

Soyez soft sur les “public announces” à bord : tôt le matin, les passagers veulent dormir. Voilà comment va se dérouler le vol : décollage, coffee break pour nous, bistrot, boutique, landing. You are the best, girls ! »

« Quel est l’objectif commercial pour aujourd’hui ? », demande Lucy. Réponse : « Une livre vingt-quatre par passager [1,52 euro]. We know we won’t make it [“on sait qu’on n’y arrivera pas” ]. On y arrive seulement quand on vend du parfum. Et on ne vend du parfum que sur les lignes vers le Maroc. »

Chez EasyJet, l’appellation « personnel navigant commercial » prend un certain relief : le service à bord des avions étant payant, l’équipe a des objectifs de vente et touche 10% des bénéfices réalisés, à se répartir entre les membres.

France, Italie, Espagne, « les pires élèves »

Jusque-là tourné vers les écrans d’ordinateur, un gros bonhomme moustachu au crâne dégarni et à l’air jovial s’avance vers le groupe d’hôtesses. C’est Ortwin, le pilote allemand. Qui annonce en anglais :

« Je viens de consulter la météo du parcours : il devrait y avoir un peu de turbulences, mais rien de préoccupant.
– Ortwin, que voudras-tu boire pendant le vol ?
– Black coffee with sugar, please.
– Et toi, Rudi ?
– Tea will be fine. »

Ortwin reprend dans un demi-sourire : « J’espère que le vol se passera bien. » Que veut-il dire ?

« Pour le vol lui-même, pas de problème. C’est l’arrivée qui est parfois un peu… bordélique. Les pires élèves de l’Europe en matière d’organisation sont la France, l’Italie et l’Espagne – et particulièrement Barcelone.

Dans les aéroports de ces trois pays, il y a toujours une grève, une nouvelle procédure de sécurité délirante, un problème technique… Pour moi qui suis allemand, c’est exotique ! »

L’organisation « bordélique » des « pires élèves de l’Europe » a bon dos. La compagnie « low cost » aurait tort de se placer au-dessus des critiques.

Derrière Air Zimbabwe côté ponctualité

Le 2 janvier 2011, les 141 passagers du vol Paris-Toulouse ont dû trouver « exotique » le fait d’avoir mis onze heures pour arriver à destination, après avoir été déroutés sur Montpellier et embarqués dans des bus pour finir le voyage. EasyJet eut beau jeu d’invoquer les conditions météo au-dessus de Toulouse pour justifier l’atterrissage à Montpellier. Il semble tout de même que l’avion ait décollé de Roissy avec trois heures de retard.

La ponctualité des vols de la compagnie britannique est devenu un sujet de plaisanteries. En 2010, un rapport de l’aéroport londonien de Gatwick affirmait qu’en matière de respect des horaires, EasyJet était pire qu’Air Zimbabwe.

Ryanair, le principal concurrent, ne manqua évidemment pas d’exploiter cette comparaison dans des publicités acerbes.

Courant 2010, la situation était devenue si préoccupante que le fondateur et principal actionnaire de l’entreprise, Stelios Haji-Ioannou, menaça la direction de retirer à la compagnie l’adjectif « easy » (« facile » en anglais) si elle ne trouvait pas rapidement une solution.

« Si tu veux pleurer, tu vas dans les WC »

Pendant le vol, Sandra et Lucy s’isolent dans le « galley » arrière (la cuisine) après avoir tiré le rideau. Lucy est à la fin de ses trois premiers mois, elle est anxieuse à l’idée de l’évaluation qui décidera d’un éventuel deuxième CDD… et d’un CDI. Cette évaluation dépend beaucoup des appréciations de sa chef de cabine, Sandra.

Sandra commence :

« Ce que j’entends dire, c’est que tu parles beaucoup, que tu es très à l’aise, un peu trop vu ton manque d’ancienneté. Garde tes sentiments pour toi, sois plus impénétrable.

Tes soucis, tu les laisses à la porte de l’avion. Si tu veux pleurer, tu vas dans les WC. Et si tu es malade, mieux vaut appeler pour dire que tu ne peux pas assurer le vol, plutôt que bosser en faisant la tête. »

Lucy écoute, fait oui de la tête, approuve Sandra, fait son mea culpa : « C’est vrai, j’ai un peu trop confiance en moi… »

Destination proche, correspondance courte

Pendant ce temps, la compagnie aux avions orange et blanc fait trembler sur leurs bases les acteurs historiques du marché, tétanisés par ce modèle économique si éloigné du leur.

Le succès du low-cost tient en peu de points :

des vols d’une ville à l’autre sans correspondances compliquées ;
une flotte d’avions récents et constituée d’un seul type d’appareil ;
les mêmes contrôles et exigences en matière de sécurité que pour n’importe quelle autre compagnie ;
des bas et un service payant à bord ;
enfin, le choix de ne desservir que des destinations proches, ce qui permet aux équipages d’assurer plusieurs rotations dans la même journée… et de rentrer chez eux le soir.

Les pilotes ne sont pas des dieux

L’équipage du Paris-Barcelone pense d’ailleurs déjà à la soirée à venir. Le copilote Rudi reprendra l’avion comme simple passager pour retrouver son foyer en Hollande. Lou compte bien aller au cinéma. Alexandra se réjouit à l’idée de retravailler demain sur le même vol, car ses parents seront parmi les voyageurs.

Lucy a prévu de faire ses courses et son ménage avant d’aller à une fête chez des amis. Quant à Sandra, elle avalera une bonne soupe et se couchera tôt en vue de son vol pour Milan à l’aube.

On est bien loin de l’image d’Epinal des pilotes, hôtesses et stewards habitués des grands hôtels, dormant le lundi à Los Angeles et le mardi à Pékin, survolant les contingences de ce bas monde.

C’est peut-être le à payer pour des rapports humains moins codifiés. Dans le galley arrière, Alexandra tient à confier :

« Une amie hôtesse sur Air France m’a dit que chez eux, les pilotes étaient considérés comme des dieux par l’équipage… Inimaginable chez nous ! »

source : http://www.rue89.com

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